Suy Fatem & Suy Parfum : conflit entre image personnelle & image de marque
Le personal branding ne se limite pas à l’image ou à la notoriété. C’est ce qui reste gravé dans l’esprit des gens, ce qui crée un “wow effect” et peut se transformer en opportunités concrètes. Suy Fatem, Miss Côte d’Ivoire 2018, en est un exemple parfait. À l’époque de son élection, sa coupe courte a immédiatement captivé le public. Cette singularité aurait pu être le tremplin vers des opportunités commerciales directement liées à ce “wow” : un salon spécialisé cheveux courts, des collaborations capillaires ou des partenariats avec des marques africaines.
Le personal branding, lorsqu’il est exploité stratégiquement, transforme l’admiration en business tangible. Olivia Yacé, Miss Côte d’Ivoire 2021, par exemple : sa prestance, son art oratoire et son image de mannequin lui offrent de multiples pistes de monétisation : formation en art oratoire, management de talents, collaborations dans le mannequinat… Le principe est simple : identifier ce qui crée le “wow” et capitaliser dessus.
1. Le décalage entre image personnelle et opportunités commerciales
Suy Fatem a choisi de lancer Suy Parfum il y a un an, ainsi que Je Suy Maman et Suy Baby Couture. Malgré ses 454 000 abonnés, les pages de ses marques restent modestes (moins de 1 000 abonnés pour Suy Parfum, moins de 200 pour Jesuymaman et moins de 500 pour Suy Baby Couture). Ce contraste illustre un point clé : une image forte ne suffit pas si la marque n’est pas positionnée en cohérence avec les attentes de son audience.
Pourtant, Suy Parfum présente de nombreux atouts :
Le produit : Brin de Soleil est un flacon coloré et chaleureux, qui évoque l’Afrique et tranche avec les codes classiques des parfums de luxe.
Les collaborations : partenariats avec le Radisson Blu pour la Saint-Valentin, distribution à des personnalités ou lors d’événements internationaux.
La qualité du produit : les retours utilisateurs indiquent une tenue longue durée et des fragrances séduisantes comme la fleur d’oranger, la mangue et le fruit de la passion.
Mais malgré ces points positifs, l’engagement sur les réseaux sociaux et la conversion restent limités.
2. Direction artistique et cohérence visuelle
Le design audacieux du flacon contraste avec la direction artistique des contenus : shootings trop classiques avec pétales de fleurs, couleurs douces qui cassent l’énergie colorée du produit. Il y a donc une incohérence visuelle qui affaiblit l’impact du parfum et dilue le message de la marque.
3. Les collaborations : opportunités ou décalage ?
Certaines collaborations semblent mal alignées avec le positionnement produit :
Demer (Côte d’Ivoire) : influenceuse suivie par un public jeune et musulman. Bien que pertinente pour la diversité, son archétype personnel (vie pieuse, élégance corporelle) ne correspond pas à l’audace du parfum Suy. Les retours sont centrés sur sa beauté à elle, et non sur le produit.
Coco Dopee (Togo) : influenceur beauté pour une audience jeune. Pour un parfum à 40 000 FCFA destiné majoritairement à des femmes adultes, le ciblage est discutable.
Ces choix montrent que même avec des idées de collaboration pertinentes en apparence, l’adéquation avec l’archétype et la cible du produit est essentielle pour générer de vrais résultats.
4. Gestion des réseaux sociaux et animation de communauté
Enfin, la gestion des pages sociales reste un frein majeur :
Le contenu n’est pas toujours premium.
Les publications sont espacées de 7 à 10 semaines, ce qui empêche de créer de la notoriété et une communauté engagée.
La réponse aux questions des clients est quasi inexistante, alors que les abonnés posent des questions répétitives : prix, disponibilité, détails du produit. Il y en a qui poussent même les jurons sur Facebook, tellement on ne répond pas à leurs questions !!
Une marque, même avec un produit solide et une image forte, ne peut prospérer sans régularité, réactivité et animation continue sur les réseaux.
Conclusion : leçons à retenir
Le cas de Suy Parfum illustre plusieurs points essentiels pour tout lancement :
Bien Capitaliser sur le personal branding (et avec précision) pour générer des opportunités commerciales.
Assurer la cohérence entre produit, direction artistique et message de marque.
Sélectionner des collaborations pertinentes, alignées sur l’archétype et la cible du produit.
Maintenir une présence régulière et engageante sur les réseaux sociaux, indispensable pour convertir l’attention en ventes.
En résumé, même avec un produit prometteur et une influence personnelle forte, le succès dépend de la capacité à orchestrer produit, image, collaborations et communication de manière cohérente et stratégique.